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Le travail des femmes

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Au-delà des tâches ménagères ou liées à la gestion du foyer, les femmes sont également amenées à travailler en tant que salariées – avec de nombreuses évolutions au cours du XIXe siècle – ou bien dans des activités moins reconnues et moins visibles dans les archives, particulièrement dans le monde agricole.

Si le travail des femmes comme ouvrière est assez connu, il ne reflète pour autant pas la majeure partie des activités des femmes. Rappelons que, jusque dans les années 1930, la majorité de la population vit à la campagne et qu’une grande partie d’entre elles vit des travaux agricoles. Les femmes qui travaillent à côté de leur mari cultivateur sont assez peu visibles dans les archives, comme celles qui s’occupent des enfants de l’Assistance publique ; seule l’iconographie permet de se rendre compte de la diversité des tâches, généralement complémentaire des activités menées par les hommes (élevage, semailles, moissons, vendanges, etc.).

Le travail salarié des femmes progresse en effet durant tout le XIXe siècle. Si certains métiers leur semblaient être dévolus, « comme une évidence », –  par exemple ceux de sages-femmes, lavandières, femmes de chambre –  leur place dans d’autres spécialités et à l’intérieur de grandes unités industrielles, métallurgiques notamment, a pu être contestée à certaines époques. Mais les femmes vont connaître elles aussi une grande diversité de métiers, de donneuses d’eau à ouvrière dans une usine métallurgique.  

Comme pour les hommes, la prise de conscience de la nécessité de se grouper entraîne les premières grèves de femmes et la naissance de syndicats spécifiques : en 1909, celui des trieuses de chiffons de Nevers, puis, en 1911, un autre dans le domaine de l’imprimerie. Après la Grande Guerre, elles prennent également des responsabilités au sein des grands syndicats nationaux (CGT, CGTU). Elles revendiquent de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaire, puis de plus en plus l’égalité salariale.

1 · Les recensements et les épouses de cultivateurs

Le recensement de population de la commune d’Alligny-en-Morvan est intéressant à plus d’un titre. Les épouses de cultivateurs sont indiquées « sans » profession comme c’est généralement le cas, même si cela a pu varier en fonction des régions et des années (on trouve ainsi des exemples où l’épouse d’un « fermier » est qualifiée de « fermière »). Le fait qu’elle s’occupe d’un enfant assisté est également passé sous silence en tant que profession, alors que cette occupation est rémunérée. Les cartes postales présentées permettent de visualiser  le travail des femmes au sein des exploitations agricoles, si nombreuses dans la Nièvre jusqu’au milieu du XXe siècle, ainsi que le métier de nourrices.

2 · La diversité des métiers à travers les cartes postales

Différents métiers sont représentés à travers ces cartes postales anciennes, mais beaucoup d’autres métiers n’ont guère été représentés notamment ceux relevant de la domesticité (femmes de ménage, cuisinières, servantes, etc.).

3 · La première grève féminine nivernaise

Entre les 27 et 29 novembre 1895, au sein de la Cordonnerie nivernaise de Clamecy, dix-neuf femmes, ouvrières piqueuses, se sont mises en grève pour protester contre une diminution de leur salaire. Cette grève est la première qui ne concerne que des femmes. Comme tout autre grève, la police suit ce mouvement, transmet ces renseignements à la sous-préfecture qui les fait suivre à la préfecture avant que celle-ci en informe le ministère de l’Intérieur. Tous ces documents – télégrammes, rapports – permettent de retracer cette grève.

Si de nombreuses cartes postales ont été éditées sur cette usine vue de l’extérieur, celles de l’intérieur sont rarissimes. Mais, l’une d’entre elles montre justement cet atelier de piqûre : quinze femmes travaillent sous les ordres du contremaître en blouse blanche. Cette carte postale a été éditée par une femme, Yvonne Deguergue, éditrice à Nevers, qui a également édité les cartes postales de la Blanchisserie nivernaise.  

4 · Travailleurs, travailleuses

Cette affiche a été réalisée en 1923 pour le syndicat C.G.T.U. (Confédération générale du Travail unitaire), qui est d’obédience communiste ; le Parti communiste a été créé trois années auparavant. Deux éléments sont à relever : c’est une femme, Marie-Louise Berthon, qui fait la conférence ce qui n’est guère fréquent à cette époque. La revendication principale des travailleuses est qu’à travail égal, le salaire le soit également. À Cosne, la conférence s’est tenue devant « environ 150 personnes ». Un rapport de la préfecture signale que Marie-Louis Berthon a terminé son exposé sur le rôle social de la femme « qui doit jouir des mêmes avantages et des mêmes droits que l’homme », exhortant les femmes présentes à « adhérer aux organisations syndicales pour obtenir un relèvement de leurs salaires et pour lutter contre la hausse croissante du coût de la vie ». Le tract distribué appelle les femmes à se syndiquer pour être plus fortes face au patronat.

5 · Personnel médical dans le département nivernais

Cette liste est éclairante sur la place des femmes dans le secteur de la santé. Le décompte permet de relever 152 noms d’hommes, médecins et dentistes, et sans aucune femme. Mais, les 54 sages-femmes dénombrées sont des femmes et aucun homme n’exerce cette profession. En 1938, aucune femme médecin n’est encore recensée dans le département. En 1942, quatre femmes médecins exercent à Nevers, une à Cosne mais aucune dans les arrondissements de Château-Chinon et de Clamecy.

6 · Le Prolétaire, journal ouvrier de la Nièvre

Dans son édition du mois de novembre 1909, la première page du Prolétaire de la Nièvre, journal de la Fédération des Syndicats Ouvriers, mentionne la longue grève des trieuses de chiffons qui vient de se terminer ; elle a duré seize jours. Après la grève des ouvrières piqueuses de Clamecy, il s’agit de la deuxième grève groupant exclusivement des femmes. À la suite de cette grève, un syndicat est créé et rejoint les autres syndicats au sein de la Fédération départementale des syndicats ouvriers. Cependant, la place et le rôle de la femme au sein du mouvement ouvrier français est source de discussions parfois véhémentes et de grands paradoxes. Ils sont particulièrement visibles dans l’article intitulé « La femme » et publié en septembre 1911. L’auteur balance constamment entre des propos paradoxaux : d’un côté, des récriminations envers les femmes qui ne comprennent pas l’importance des syndicats où militent leurs maris et le fait qu’elles ne devraient pas exercer un métier salarié ; de l’autre, le rôle primordial que jouent les femmes notamment par l’éducation qu’elles transmettent aux enfants et leur « ténacité » supérieure aux hommes. Mais, la conclusion de l’auteur est cependant bien orientée par le fait que c’est à l’homme d’éduquer sa compagne du point de vue social pour lui permettre de devenir « un être conscient ».

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