L'association des Amis de la Cité féodale de Saint-Vérain a été créée en 1931 pour la sauvegarde des bâtiments et restes médiévaux : église, prieuré, fortifications, et existait encore en 2009, mais son histoire est faite d'une succession de phases d'activité et de longues périodes de "léthargie", selon le terme employé par sa présidente d'honneur en 2000 en présentant son historique (115 J 3).

La première Société des Amis, de 1931 à 1939, s'est consacrée aux travaux sur le donjon, en collaboration avec l'architecte départemental Jean Georges, dans l'église en 1938 (travaux d'urgence, sans autorisation préalable des Monuments historiques) et à la mise en valeur de la poterie ancienne, la région étant celle des "bleus de Saint-Vérain" (travaux de Paul Mallet).

A la fin des années 1960, l'association est réactivée (la nouvelle équipe la croyait même dissoute) et porte également son action sur le dégagement du donjon et des murs d'enceinte. Elle utilise pour ce faire des chantiers de jeunes bénévoles français et étrangers, en 1969, 1970 et 1971. Elle espérait favoriser l'activité locale, mais semble avoir souffert du manque de coordination avec la mairie. En crise dès 1973, elle répartit son actif entre plusieurs organismes et associations en 1974-1975.

En 1998, les Amis de Saint-Vérain "renaissent" (titre d'un article de journal) à l'initiative de membres cosnois de la Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthetique de la France, dont Roland Domaine et Claude Bardinet. En 1999, elle a pour programme la restauration de l'église (la subvention a été obtenue assez rapidement), des vestiges féodaux (qui appartiennent à des propriétaires privés) et la valorisation du site, sur les deux thèmes de la poterie et des pèlerinages à saint Vérain. Ces thèmes sont d'ailleurs joints dans l'élaboration d'une enseigne de pèlerinage en céramique (les originales, en métal, étaient portées sur les vêtements comme le serait un badge de voyage organisé) destinée à la vente ; ce projet, mené à bien, n'apparaît que dans la partie administrative du fonds (comptes-rendus de réunions). L'attention se porte aussi sur la restauration des vitraux et du mobilier de l'église, puis, à partir du printemps 2000, se focalise sur la préparation et l'édition, dirigées par Claude Bardinet, d'une plaquette sur le patrimoine de Saint-Vérain, qui sort à l'été 2001. Mais les difficultés ont déjà commencé, avec la démobilisation des membres et la création, soutenue par la nouvelle municipalité, d'une autre association de sauvegarde, les Vilains Vérinois, qui se lance activement dans le dégagement et la restauration des ruines féodales, secteur où les Amis n'avaient pas encore concrétisé leur programme : des chantiers de volontaires permettent aux Vilains d'obtenir rapidement des résultats visibles sur le terrain. La césure est ainsi assez marquée entre une association qui privilégie le lobbying (recherche de subventions) et la production d'objets dérivés ou d'ouvrages intellectuels et une autre qui fait directement le travail de sauvegarde, comme le faisaient d'ailleurs les Amis de la deuxième période. A l'assemblée générale de mars 2002, l'association des Amis présente de nombreux projets, mais ne peut remplacer faute de candidats trois responsables démissionnaires. La période couverte par le fonds s'arrête à ce moment, de même que l'activité de l'association.

Les archives étaient conservées chez M. Claude Bardinet, secrétaire général de l'association.

Don

Le fonds reflète partiellement l'histoire de l'association, active sur trois périodes relativement courtes, séparées chaque fois par une trentaine d'années de sommeil. Toutefois, il reste très peu de documents originaux des deux premières périodes : l'association n'ayant jamais eu de siège dédié (dans les années 1930, il fallait même envoyer son bulletin d'inscription dans la Somme), les archives étaient conservées chez les responsables et le fonds est constitué de documents donnés et surtout de photocopies de documents prêtés par d'anciens membres.

Le classement a distingué d'abord les trois périodes, puis, à l'intérieur de chacune, l'organisation de l'association et ses activités. Une rubrique documentation a été ajoutée pour la troisième période, très riche en la matière.

La première période n'est représentée que par ses statuts, un prospectus et un petit article illustré.

La deuxième période est à peine plus fournie, mais contient des listes et cartes de membres et des traces d'activités (chantiers de jeunes volontaires, expositions). La liquidation de fait apparaît dans la distribution de l'actif.

La troisième période est la plus développée, non seulement parce que plus récente, mais parce que le secrétaire général, qui a remis le fonds en 2009, avait accumulé la documentation, au moins sous forme de photocopies. La période a été répartie en trois rubriques :

- organisation, qui contient les comptes-rendus de toutes les réunions de mars 1999 à mars 2002, des listes de membres et de la comptabilité (les subventions ont été classées à leur objet) ;

- documentation : M. Bardinet a regroupé de nombreux textes sur Saint-Vérain, notamment sur son histoire politique et religieuse, son château et ses fortifications, l'église saint Blaise et saint Vérain, et sur les potiers, qui fabriquaient le "bleu de Saint-Vérain". Cette documentation servait aux différentes activités ;

- activités : l'association avait beaucoup de projets (voir les comptes-rendus). Ont laissé trace dans le fonds : la recherche de subventions pour la restauration de l'église et de ses vitraux, la participation à la mise en valeur du patrimoine potier et surtout la préparation d'une plaquette illustrée sur Saint-Vérain.

Le fonds présente deux intérêts. Le premier est de retracer la vie d'une association à l'histoire un peu particulière, avec ses alternances d'activité brève et de longues périodes de latence : comme toutes les associations fondées sur l'engagement bénévole, elle dépend de l'investissement de ses membres dans la durée, investissement qui peut être encouragé ou découragé par les circonstances extérieures et par les choix tactiques internes. Le second intérêt est de constituer une base documentaire fournie sur Saint-Vérain, dont des copies d'articles de diffusion probablement restreinte.

Libre.

Selon les dispositions du Code du Patrimoine, la communication des documents portant des informations sur la vie privée (listes de membres avec adresses et numéros de téléphone) est différée (délai de 50 ans en l'état actuel de la législation). Les autres documents sont libres d'accès.

M 4483 Associations reconnues d'utilité publique ou déclarées, création ou modification : tableaux (1932).

T 1156 Eglise de Saint-Vérain, travaux (1908-1939). La Société des Amis figure dans les documents de l'année 1938, pour avoir entrepris des travaux sans sautorisation préalable.

1475 W 401 Eglise de Saint-Vérain, restauration (1972-1993). L'Association des Amis ne paraît pas dans cette liasse, sauf par une intervention individuelle en 1972 à propos des abords de l'église.

Les Amis de la Cité féodale de Saint-Vérain. - Amiens : imprimerie Valade, [1934]. Pas aux Archives départementales.

Articles dans La Montagne (3 et 4 novembre 1969, 7 mai 1970), dans l'Yonne républicaine (12 décembre 1970) et dans Centre-France (5 juin 1977).

Saint-Vérain-en-Puisaye : Patrimoine historique en Nivernais. - Association des Amis de la Cité féodale de Saint-Vérain, 2001. NIV 9058.

Véronique David