Fonds des usines Lambiotte de Prémery

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

93 J

Date

1886-2012

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de la Nièvre

Importance matérielle

577

Caractéristiques physiques

Document d'archives

Biographie ou Histoire

Historique des usines Lambiotte de Prémery

 

Des origines à la Libération

 

En 1886, Georges Lambiotte, ingénieur chimiste belge crée, pour le compte de son père, M. Lambiotte-Vigneron, une usine de carbonisation du bois et une unité de production de produits chimiques dérivés de la carbonisation. La famille Lambiotte, qui possède déjà des usines à Bissen (Luxembourg) et à Marbehan (Belgique), envisage d'étendre à la France ses activités. Le site de Prémery a été choisi en raison de l'important massif forestier existant dans la région. Une deuxième usine est créée à Demeurs, commune d'Urzy, en 1890. Les deux sites industriels sont installés sur les bords de la Nièvre1, alors que le siège administratif et le service commercial se trouvent à Paris, au 20 rue Dumont d'Urville. Dès le début des années 1890, Lambiotte emploie entre 250 et 300 ouvriers.

 

Selon le procédé Lambiotte, la carbonisation du bois est réalisée grâce à l'emploi de douze fours dits Dromard, bientôt remplacés par quarante fours à cornues. A partir du bois séché puis carbonisé, les installations Lambiotte permettent d'obtenir deux types de produits, le charbon de bois et le pyroligneux, sous forme liquide. Le charbon de bois est alors employé dans l'industrie métallurgique comme réducteur des oxydes métalliques par voie sèche, et en particulier des oxydes de fer, exploités à Guérigny pour la production d'acier destiné à la marine nationale. Le pyroligneux, après distillation, permet d'obtenir de nombreux produits chimiques tels que l'acide acétique ou l'alcool méthylique. Le bois carbonisé constitue alors la source d'approvisionnement essentielle à l'industrie chimique, jusqu'à l'apparition de l'industrie chimique de synthèse, à partir des produits pétroliers, à la fin des années 1920.

 

Les usines Lambiotte développent deux ateliers de produits organiques de synthèse : le premier atelier français de formaldéhyde à partir du méthanol en 1890 et un atelier d'acétates à partir de l'acide acétique vers 1926. La concurrence causée par l'essor de la chimie de synthèse implique une adaptation constante des procédés industriels. Dès 1920, les Etablissements Lambiotte accueillent de nombreux ingénieurs et chimistes qui peuplent les laboratoires de recherches et de contrôle. Au cours de cette période, l'usine est électrifiée au moyen d'une centrale autonome à gaz pauvre et le transport du bois s'effectue à l'aide de wagonnets dénommés « pétolats ». D'autres productions issus du pyroligneux viennent se greffer par la suite, telles que celles de l'atelier Atlas (colles, solvants Agoprène et chaussures en toile à bout dur de marque Hercule à partir de 1933-1934)2. L'utilisation des goudrons de bois et des huiles lourdes assure l'élaboration des essences pharmaceutiques de type créosote ou gaïacol (Urométine, Phosote...), ainsi que des arômes alimentaires. La production de formol permet le développement de dérivés directs comme le trioxyméthylène (trioxy) et l'hexaméthylènetétramine (hexa). Pendant l'occupation, l'usine Lambiotte travaille à la réalisation de produits décapants et anti-rouille, en liaison avec l'industrie de l'armement allemande. Les laboratoires Lambiotte développent aussi des produits nécessaires à l'agriculture tels que le Verdet et certains insecticides, ou encore du charbon de bois aggloméré pour l'alimentation du bétail.

 

 

Juridiquement, l'entreprise Lambiotte connaît de profondes mutations. En 1894, les trois frères Lambiotte, Ludolphe, Auguste Lucien Thomas et Georges constituent la société commerciale en nom collectif Lambiotte frères, antenne des activités de la famille en France. Le décès de Georges en 1902, puis celui de Ludolphe en 1911 provoquent la transformation de l'entreprise en société en commandite simple sous le nom de Lambiotte et Compagnie. Les deux sites nivernais de Prémery et de Demeurs sont désormais dirigés par le fils aîné de Georges, Auguste Lambiotte. En 1924, l'affaire qui devient une société anonyme désignée sous le nom Etablissements Lambiotte frères, appartient à Auguste, Maurice et Jean Lambiotte (enfants de Georges Lambiotte) ainsi qu'à Lucien Lambiotte (fils de Ludolphe Lambiotte). Sous la conduite d'Auguste Lambiotte, véritable patron des Etablissements Lambiotte frères, l'entreprise s'engage dans le jeu des grands groupes de la chimie européenne.

 

En 1929, afin d'assurer l'approvisionnement en acétone et en butanol, les Etablissements Lambiotte frères fondent la Société industrielle des dérivés de l'acétylène, dont l'usine est construite sur le site de La Chambre en Savoie. Société anonyme dirigée de fait par Auguste Lambiotte qui en est l'administrateur délégué, la S.I.D.A. est le fruit de l'association de la famille Lambiotte avec la Société d'électro-chimie, d'électrométallurgie et des aciéries électriques, dirigée par les frères Henri et François Gall (SECEM, filiale d'Ugine) d'une part et la Holzverkohlungs Industrie Aktien Gesellschaft de Constance (HIAG, filiale de la Degussa, le fleuron de l'industrie chimique allemande) d'autre part. Le site de Prémery est au coeur du projet, puisque son directeur technique, André Cuperly, semble mener l'affaire, en collaboration avec Auguste Lambiotte et Bernard Heymann, entrepreneur neversois de constructions industrielles. Dans le cadre du contingentement des produits acétiques français, les Etablissements Lambiotte, sous la pression des producteurs concurrents tels que la Société des produits chimiques de Clamecy ou de la société Acetosynthèse, acceptent de fermer le site de Demeurs en 1931, site au demeurant de faible rendement. Après la cession des parts de la HIAG en 1934, Lambiotte cède ses propres parts à la société d'Ugine en 1936, non sans avoir investi beaucoup d'argent et d'énergie dans l'affaire, notamment à l'occasion du contentieux des brevets qui opposa la S.I.D.A. à la Société belge de l'azote.

 

Le site de Prémery participe donc au réseau industriel européen. Afin de défendre au mieux ces intérêts, l'usine de Prémery est affiliée à l'Union syndicale des usines de carbonisation de bois de France, organisme rattaché à l'Union des industries chimiques. Pour développer la vente du charbon de bois, dont celui destiné aux gazogènes, les Lambiotte créent, en 1935, le Comptoir français du charbon de bois épuré, en collaboration avec Jacques Mauger, président de l'Union des carbonisateurs. La période de l'Occupation se caractérise par la mainmise de l'approvisionnement et des fabrications de Prémery par l'administration allemande d'une part et le comité d'organisation des industries chimiques, organe de Vichy, d'autre part. En vertu de la loi du 18 septembre 1940 qui réforme les conseils d'administration des sociétés anonymes, Jacques Mauger devient directeur général des Etablissements Lambiotte frères, alors qu'Auguste Lambiotte se retire temporairement à Bruxelles. La stratégie commerciale des produits Atlas est également renforcée par la création de la Société des produits Lambiotte frères Hercule en 1942.

 

 

Des Trente Glorieuses à l'an 2000

 

La fin de la guerre marque une nouvelle étape dans l'histoire des Etablissements Lambiotte. Techniquement, Lambiotte modernise dès 1947 ses procédés en remplaçant les quarante cornues par un premier four continu d'une capacité de 60000 tonnes annuelles, un second four étant installé en 1953. Une scie à javelles est mise en place en 1954 dans le hall des anciennes cornues. Enfin en 1956 est monté le premier séchoir vertical continu, pour pallier les difficultés de l'approvisionnement et du stockage du bois. C'est toujours cette problématique du bois comme matière première qui justifie la séparation de l'exploitation forestière des activités de carbonisation et de production chimique dérivée. Auguste et Jean Lambiotte créent, avec Jacques Mauger, la société Bois et scierie de la Nièvre (BOSNI) en 1946. Cette nouvelle société, outre l'approvisionnement en bois, assure diverses fabrications au sein d'une scierie (parquets, bois d'œuvre). Autre problématique, celle de la fourniture en méthanol, matière première nécessaire à la fabrication du formol. En 1956, Lambiotte s'entend avec la Société des produits azotés, filiale d'Ugine, pour installer une usine de fabrication de méthanol de synthèse à Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Cet accord est concrétisé en 1958 par la création de la société Formol et dérivés, dont la présidence revient à Auguste Lambiotte en 1963.

 

Au début des années 1960, les Etablissements Lambiotte de Prémery constituent un ensemble industriel de 30000 m2 couverts, sur quinze hectares de terrain, sur lequel travaillent environ 500 personnes (ingénieurs, contremaîtres, employés et ouvriers). A cela se greffe l'activité forestière de la Bosni qui emploie environ 700 bûcherons, scieurs et transporteurs qui abattent, façonnent et acheminent la matière première nécessaire à l'usine.

 

Désireuse de se retirer partiellement de France, la famille Lambiotte décide la dissolution des Etablissements Lambiotte frères en 1964. La branche carbonisation et dérivés devient une filiale de la Société des produits azotés et prend le nom de Société des Usines Lambiotte (U.S.L.). Cette nouvelle société se compose de deux usines, le site de Prémery et l'usine de Niort, dans les Deux-Sèvres. Cette dernière, dont la gestion administrative et technique est assurée par les directeurs de Prémery jusqu'en 1975, produit du formol selon le procédé Lambiotte. La société des Produits Lambiotte frères Hercule voit son capital augmenté et devient la Société nouvelle des Produits Lambiotte frères (SNPLF), assurant la fabrication et la commercialisation des colles, toiles, chaussures et solvants (anciens produits Atlas et Hercule). Les sièges des deux nouvelles sociétés, dont le président directeur général commun est Alexandre Struyven, ancien directeur général des Etablissements Lambiotte frères, sont basés à Paris, dans les locaux des rues Dumont d'Urville et Auguste Vacquerie. La famille Lambiotte, en la personne du fils d'Auguste, Georges Lambiotte, conserve la direction de la BOSNI. Si chacune des trois sociétés assure sa propre gestion industrielle et commerciale, les services administratifs et généraux sont assurés en grande partie par U.S.L. qui a absorbé la presque totalité des anciens Etablissements Lambiottes Frères.

 

En 1967, la restructuration des grands groupes chimiques provoque la fusion de la Société des produits azotés, déjà associée avec la SECEM d'Ugine, et du groupe Khulmann, formant le groupe Ugine Khulmann (UK). Sa fusion avec Péchiney, en 1971, donne naissance la société Produits chimiques Ugine Khulmann (P.C.U.K.), dont U.S.L. devient l'une des filiales. En 1982, la politique des nationalisations éclate P.C.U.K. et rattache U.S.L. au nouveau groupe ATOCHEM, principale filiale de la branche Chimie de la Société nationale E.L.F. Aquitaine (SNEA).

 

A la fin des années 1980, alors que le site de Prémery fête son centenaire, U.S.L. emploie plus de 200 personnes. Après avoir cessé la production de créosote en 1970, l'atelier de formol ferme ses portes en 1986. La production de charbon de bois constitue l'activité principale, les ventes étant destinées pour moitié à la Sofrem, filiale de Péchiney et productrice de silicium, l'autre moitié étant commercialisée comme charbon de bois à usage domestique. Sur ce marché, U.S.L. subit une vive concurrence de l'Espagne et de l'Afrique du Sud . Les produits chimiques dérivés connaissent également une très forte concurrence des procédés de synthèse3. Malgré l'espoir de développer le secteur des arômes alimentaires extraits d'un produit naturel et la politique de promotion des procédés de carbonisation en rapport avec la récupération de l'énergie, Atochem cède U.S.L. à un repreneur privé en 1990.

 

Au cours des années 1980, la société BOSNI subit les conséquences de la stratégie d'approvisionnement en bois d'U.S.L., qui abandonne peu à peu les taillis pour les bois de sciage. De plus, le marché traditionnel des bois de feuillus, dont l'entreprise s'est fait une spécialité, s'effondre au profit du résineux (pour le bois de construction) ou du ciment (pour les traverses SNCF par exemple). Mise en redressement judiciaire en octobre 1988, la société, qui emploie 85 salariés, est reprise par l'industriel italien Pozzo, dirigeant la SNEVAM de La Charité-sur-Loire. Les locaux de Prémery seront vite abandonnés au profit du site plus compétitif de La Charité.

 

Après avoir subi un plan social en 1978, alors qu'elle employait près de 190 salariés, la Société nouvelle des Produits Lambiotte frères se transforme et passe entre plusieurs groupes (TRL, Mydrin Lambiotte, groupe Borden France, Bostick, Foss Lambiotte) pour finalement fermer ses portes en 2000.

 

La gestion d'U.S.L., à partir de 1990, par Jean-Guy Marès, soutenus par trois investisseurs impliqués dans la filière bois et l'industrie chimique (la société Union d'études et d'investissement appartenant au Crédit Agricole, l'Institut de participation du bois et du meuble et la société Suez Venture), constitue le dernier chapitre de l'histoire de Lambiotte à Prémery. Après des difficultés financières croissantes, la société est mise en liquidation judiciaire en octobre 2002, faute d'avoir retrouvé des repreneurs. En 2003, la société Ecoprem, spécialisée dans l'écologie industrielle et la revalorisation des déchets, s'installe sur le site des usines Lambiotte.

1 Il existe trois toiles représentant respectivement les sites de Marbehan, de Prémery et de Demeurs (voir 93 J 424).

2 Cette unité de production est mise en place par l'ingénieur autrichien Rudolf Taussig en collaboration avec la société allemande Atlas Ago, basée à Leipzig.

3 L'usine de carbonisation de Clamecy (SPCC) ferme son dernier four en 1982 en raison de la concurrence des procédés chimiques de synthèse.

Sébastien Langlois - 2004

 

Période 2003-2012

Plusieurs sociétés se sont succédé sur le site après le départ de Lambiotte en 2002, dont certaines ont laissé des archives reçues en 2012 :

ECOPREM, de 2003 à 2006 (récupération de matières métalliques non recyclables)

COLLECTOIL, de 2005 à 2010 (fabrication de produits chimiques)

TEN, de 2012 à 2016 (biodiesel).

La destruction presque complète du site est intervenue en octobre 2016.

Véronique David - 2017

Modalités d'entrées

Don par le liquidateur Jim Sohn, en trois entrées :

10 janvier 2003 : archives de la société sans les plans, qui pouvaient être utiles au repreneur.

9 mars 2012 : plans, par l'intermédiaire de l'ADEME (dépollution) et d'EGIS (démolition).

Fin 2016 : documents iconographiques et audiovisuels, par l'intermédiaire de Christophe Michelin (EGIS) et du documentariste Xavier Spertini.

Présentation du contenu

Les archives Lambiotte : contenu et intérêts

 

A la suite de la liquidation judiciaire de la société des Usines Lambiotte de Prémery (U.S.L.) en octobre 2002, les Archives départementales de la Nièvre, en accord avec le mandataire judiciaire, ont entrepris une collecte des archives de cet établissement.

 

Les « archives Lambiotte » constituent un ensemble de 46 mètres linéaires, composé de plusieurs fonds distincts. On trouvera successivement le fonds des Etablissements Lambiotte frères (1886-1969), le fonds de la Société industrielle des dérivés de l'acétylène (1928-1939), le fonds du Comptoir français du charbon de bois épuré (1942-1965), le fonds de la Société des usines Lambiotte (1936-2001) et le fonds de la société Bois et scierie de la Nièvre (1944-1988). Signalons que les archives de la Société nouvelle des produits Lambiotte frères ne figurent pas dans cet instrument de recherche, aucun document émanant de cette société n'ayant été collecté par les Archives départementales.

 

Fonds de l'usine de Prémery des Etablissements Lambiotte Frères (E.L.F.) (1886-1969)

 

Administration générale, comptabilité et gestion des stocks

 

Le siège social, les bureaux administratifs et commerciaux des E.L.F. étant situés à Paris, au 20 rue Dumont d'Urville, les archives de la direction générale et de la direction commerciale n'ont malheureusement pas été localisées à Prémery, ce qui explique l'absence de documents capitaux, tels que les procès-verbaux des conseils d'administration et des assemblées générales, ainsi que la correspondance commerciale ou les dossiers relatifs aux actionnaires et aux cadres des E.L.F.. En dépit de ces lacunes importantes, le fonds rassemble cependant un ensemble de documents caractéristiques d'une entreprise industrielle moderne. Les dossiers de la direction de l'usine ont été classés selon la fonction de leur propriétaire, dans la mesure ou celui-ci a été identifié. Ainsi les dossiers concernant l'administration générale ouvre ce répertoire, et ceux relatifs aux problèmes de défense passive, de mobilisation et d'occupation de l'usine pendant la Seconde guerre mondiale ont été dissociés. De même, les dossiers de Louis Guillerand, agissant en tant que chef du personnel dans les années 1940, ont été classés dans la rubrique Personnel.

 

Les documents comptables sont assez lacunaires, dans la mesure où ils ne couvrent que la période des années 1920 à la fin des années 1940 (aucun document antérieur à 1921 et quelques facturiers pour les années 1950). Outre les grands livres et les journaux, on trouvera une belle collection de livres de paie de 1922 à 1954, concernant les salariés de l'usine. Une première série concerne la période antérieure à 1928, pour tous les postes de travail. Une deuxième série, divisée en deux types de livres (selon le poste d'affectation : entretien, scierie, laboratoires, carbonisation, fours séchoirs, chevaux, bureaux...) couvre la période 1928-1947. Une dernière série clôt la collection jusqu'en 1954. Les paies agricoles (personnel forestier) et les paies laboratoires font parfois l'objet d'un livre particulier.

 

Les dossiers relatifs à la gestion des stocks et des approvisionnements concernent essentiellement les années 1940 et révèlent le système de contrôle mis en place par le régime de Vichy et par l'occupant allemand, provocant la constitution de copieux dossiers de statistiques et de correspondance relative au contingentement des produits.

 

 

Archives techniques et scientifiques

 

Les archives techniques, produites par les laboratoires de recherches et de contrôle, paraissent beaucoup moins lacunaires. On distingue les dossiers des ingénieurs, la correspondance, les plans, les dossiers de brevets et les documents du service de documentation.

 

Les dossiers de travail des ingénieurs ne présentent qu'une partie des recherches entreprises au sein des Etablissements Lambiotte frères, par quelques-uns des chercheurs employés dans l'entreprise. On trouve ainsi un carnet d'essais datant du printemps 1915 et appartenant à Maurice Lambiotte, deuxième fils de Georges. On trouve également quelques dossiers d'André Cuperly, ingénieur en chef et bras droit d'Auguste Lambiotte entre les années 1930 et les années 1950. D'autres ingénieurs comme Jacques Mascré, spécialiste des huiles lourdes et des arômes, ou Auguste Krawczynski, travaillant sur le délicat problème de l'anhydride acétique, au cœur de la lutte contre la chimie de synthèse, ont laissé de volumineux dossiers de notes, de croquis, de rapports d'expériences.

 

La correspondance envoyée par les ingénieurs, sous la forme de plus de soixante registres de copies de lettres, constitue une précieuse source pour apprécier la qualité des activités Lambiotte entre 1920 et 1964. On retiendra ici les longues suites de copies de lettres adressées par les directeurs techniques Jean Lichtenberger (1920-1929) et André Cuperly (1925-1944), ainsi que celle de l'ingénieur Jacques Mascré (1931-1954). Selon la qualité des rapports entretenus entre ces ingénieurs et Auguste Lambiotte, l'analyse de telles correspondances donne un caractère personnel et humain à l'entreprise très enrichissant pour le chercheur.

 

Les plans généraux du site ainsi que ceux des immeubles, bureaux et propriétés foncières des Lambiotte ont été classés dans une rubrique Domaine, alors que les plans du matériel d'exploitation, de l'outillage sont présentés dans la rubrique Services techniques Laboratoires. Dans les deux cas, le plan de classement initial a été respecté, selon une nomenclature Lambiotte caractérisée par l'emploi de majuscules pour désigner les grandes catégories de plans (par exemple A pour parc à bois, EG pour entretien, Z pour bureaux...). Cette nomenclature se retrouve dans le registre des plans décrit au début de la rubrique des Plans1.

 

Les dossiers de brevets se composent de documents caractéristiques à ce type de dossiers : récépissé d'annuités, états de frais et correspondance avec les offices d'enregistrement, plans et autres documents techniques, brevets proprement dits.

 

Les archives du service de documentation présentent deux grands types de documents : les dossiers documentaires et les rapports, ainsi que quelques pièces bibliographiques. Les dossiers documentaires sont classés selon un plan rigoureux qui distingue en grands secteurs les différents types de production et d'activités de l'usine (R1 - Acide acétique, R6 Hydrosulfites...). On note une première série de dossiers, constitués vers 1930 qui s'articule autour de trois types de dossiers présentant des documents produits entre les années 1890 et la période de l'Occupation :

 

les dossiers documentaires proprement dits

les dossiers annexes

les dossiers archives

 

Les dossiers documentaires sont constitués selon un plan interne identique :

 

Documentation

littérature

brevets

correspondance

usines et produits concurrents

documentation commerciale

documentation analytique

documentation régie

 

essais laboratoire

essais industriels

prix de revient

rendements et notes de fabrication

projets, devis, montages

emplois

 

Les dossiers annexes, marqués d'une croix rouge, sont complémentaires des dossiers documentaires existant dans la même catégorie. Ils sont constitués de documents complémentaires à ceux du dossier principal, de doubles ainsi que de nombreuses chemises vides, ordonnés selon le même plan de classement interne que celui des dossiers documentaires.

 

Les dossiers Archives contiennent des documents délibérément archivés par le personnel des laboratoires dans la mesure où ils n'avaient plus d'utilité courante (vers 1930). Ces dossiers archives sont subdivisés entre les différentes catégories du plan de classement.

 

Une seconde série de dossiers documentaires a été constituée au cours des années 1950, sous la conduite de l'ingénieur Hubert Verneret. Elle reprend le même plan de classement mais certaines références ont parfois été modifiées (exemple R90 Dossier analytique devient RA Dossier analytique). Cette série comprend des documents produits entre 1945 et le début des années 1960.

 

Les rapports techniques, les rapports d'expériences ou de visites (sur un autre site) sont des documents dactylographiés émanant des laboratoires de Prémery. Ils sont ordonnés selon deux collections : l'une chronologique (de 1920 à 1964, avec une lacune entre 1930 et 1940) et l'autre thématique (à partir de 1946). Les dossiers documentaires précédemment décrits contiennent également un exemplaire des rapports.

 

On distingue différents titres de rapports

 

les rapports techniques

les rapports d'expériences et de visite

les rapports d'activités

 

 

En fait, rapports techniques et rapports d'expériences et de visites sont les mêmes documents, selon qu'ils se trouvent dans un classeur chronologique (on emploie le titre « rapports d'expériences et de visites ») ou dans un classeur thématique (on emploie le titre « rapports techniques »)2.

 

Les rapports d'activités correspondent à un type de documents particuliers, produits entre 1940 et 1950 et présentant brièvement les travaux réalisés par les chercheurs du site de Prémery au cours d'une période déterminée.

 

La partie dite bibliographie rassemble des documents élaborés par le personnel des laboratoires. On distingue d'une part des instruments de recherche (catalogues, inventaires, répertoires) nécessaires aux ingénieurs et d'autre part des bulletins bibliographiques annuels de 1928 à 1964.

 

Publicité, personnel et iconographie

 

Les archives commerciales sont totalement lacunaires, à l'exception d'une collection de la revue Pro Medico, publiée par la société entre 1925 et 1939 pour promouvoir les produits Lambiotte frères (produits pharmaceutiques) auprès de la profession médicale, ainsi que de quelques plaquettes commerciales relatives aux procédés Lambiotte et à des produits chimiques dérivés.

 

Les archives relatives à la gestion du personnel sont également très lacunaires. Il n'existe aucun dossier individuel et les dossiers de la direction de l'usine présentés ici concernent surtout la fin des années 1930 et les années 1940. Signalons cependant un dossier relatif aux rentes et pensions délivrés par la société suite aux accidents du travail (1905-1954), quelques dossiers de grèves, une collection de procès-verbaux du comité d'entreprise (1950-1964) ainsi que quelques témoignages de l'action sociale de l'entreprise à l'égard de ses ouvriers.

 

Le fonds se clôt sur un ensemble important de photographies illustrant le site, les activités industrielles, les bâtiments et le personnel.

 

 

Fonds Auguste Lambiotte, administrateur-délégué de la Société industrielle des dérivés de l'acétylène (S.I.D.A.) (1928-1939)

 

La présence de ces dossiers paraît surprenante à Prémery. Mais le rôle joué par André Cuperly dans l'élaboration et le suivi du projet de La Chambre, ainsi que la collaboration du constructeur neversois Bernard Heymann expliquent peut-être que les dossiers S.I.D.A. d'Auguste Lambiotte aient été conservés à Prémery. Outre les rapports et les notes techniques relatives au projet et à sa réalisation, on trouvera dans ce fonds tout ce qu'on ne trouve pas dans le fonds des Etablissements Lambiotte frères : procès-verbaux des conseils d'administration et des assemblées générales de la S.I.D.A., dossiers de stratégie industrielle, correspondance abondante entre les administrateurs d'une part et les concurrents d'autre part. Ce fonds demeure incontestablement une source inédite pour l'histoire de l'industrie chimique française d'avant-guerre.

 

 

Fonds du Comptoir français du charbon de bois épuré (1942-1965)

 

Le Comptoir installe ses bureaux en 1935 au 20 rue Auguste Vacquerie, dans les locaux de l'Union des carbonisateurs, contigus à ceux du siège des Etablissements Lambiotte frères (20 rue Dumont d'Urville). Il cesse ses activités en 1965. Les documents présentés ici (livres de paie du personnel) ne sont qu'un reliquat des archives du Comptoir et ont probablement été transférés à Prémery lors de la cession des E.L.F. à la Société des produits azotés, en 1964. Ils ne présentent pas d'intérêt particulier, en dehors de la confirmation de l'existence de cette société.

 

 

Fonds de la société Usines Lambiotte (U.S.L.) (1936-2001)

 

Ce fonds contient des documents provenant à la fois du site de Prémery et de la direction générale U.S.L. de Paris. Cette dernière, héritière de la direction générale des Etablissements Lambiotte frères, est installée au 20 rue Auguste Vacquerie jusqu'en 1980, date où elle emménage à la Défense, Tour Manhattan (siège de P.C.U.K.). En 1983, à la suite des nationalisations, le siège social d'U.S.L. est transféré à Prémery. C'est probablement à cette époque qu'une partie des dossiers de la direction générale d'U.S.L. est transférée sur le site de Prémery3.

 

On trouve donc pêle-mêle des dossiers des directeurs généraux d'U.S.L. et des dossiers des directeurs de l'usine de Prémery. Les premiers sont sans conteste très intéressants pour évoquer la place de la société dans le jeu des grands groupes chimiques à partir des années 1960. Par ailleurs, comme le fonds des Etablissements Lambiotte frères, celui d'U.S.L. présente de grandes séries documentaires telles que les rapports d'exploitation (1966-1981), les rapports techniques des laboratoires (1965-1981) et les documents comptables, ces derniers restant cependant très lacunaires. De la même manière, les procès-verbaux des conseils d'administration et des assemblées générales ne sont conservés que pour la période 1976-1988. On trouve quelques dossiers d'ingénieurs relatifs aux services généraux (entretien, chaudières, réseaux) et aux problèmes liés à l'environnement, mais aucun dossier émanant des laboratoires de recherches (existent-ils encore ?). Les archives du personnel sont également très lacunaires (absence des dossiers individuels) mais présentent toutefois les procès-verbaux du comité d'entreprise (1965-1985), les procès-verbaux du comité d'hygiène et de sécurité (1964-1986) et les cahiers de revendications (1968-1989), ainsi que le fonds du comité d'entreprise (1977-1999). Les dossiers de clients, probablement transférés du siège parisien d'U.S.L. en 1983, ont été partiellement conservés (seuls les dossiers des clients commençant par les lettres D et E ont été conservés pour échantillonnage) et présentent l'activité commerciale d'U.S.L. de 1962 à 1998. Le fonds U.S.L. comporte enfin une collection de photographies concernant essentiellement les installations industrielles et le personnel de l'usine. Signalons enfin que les périodes Findeling et Marès sont peu représentées en terme d'archives, la première étant extrêmement lacunaire et la seconde inexistante.

 

Fonds de la Société Bois et scierie de la Nièvre (BOSNI) (1944-1988)

 

Ce fonds est assurément le moins lacunaire de tous ceux qui sont présentés ici, bien qu'une fois encore les procès-verbaux des conseils d'administration et des assemblées générales soient absents. Outre les actes constitutifs, le chercheur trouvera une longue série de documents comptables (grand livre, journal général, journaux des achats et des ventes), un échantillon des dossiers de coupes affouagères, un échantillon de dossiers de personnel et de dossiers d'accidents du travail et les chronos de correspondance envoyée (1970-1980). Le fonds de la BOSNI est clos par la présentation de documents émanant de la Société civile immobilière de la Forêt d'Ouagne, créée en 1965 dans le cadre de l'approvisionnement en bois de la scierie de Prémery et dissoute en 1978.

 

1 Le registre des plans est coté 93 J 298.

2 A partir de 1970, alors que la recherche ralentit sur le site de Prémery, tous les rapports sont dénommés techniques.

3 Ces dossiers concernent une époque précise d'U.S.L., entre 1970 et 1982, période des dernières années de la direction générale d'Alexandre Struyven, marquée par le rattachement à P.C.U.K., aux « directions générales intérimaires » des présidents Bernard Fanton d'Andon, Jean-Louis Dumont et Henri Champault, au moment de la nationalisation de 1983. On trouvera donc en abondance les dossiers des directeurs généraux Georges Strauss (1977-1980) et Jacques Pontette (1980-1982), ainsi que des trois directeurs de l'usine, M. Bizodot (1967-1970), Jean Mounier (1970-1975) et Guy Rivenc (1976-1982). A l'inverse, il n'existe aucun dossier de la direction d'Olivier Findeling, ni de celle de Jean-Guy Marès.

Sébastien Langlois - 2004

 

Compléments 2012-2016 : les documents entrés en 2012 sont principalement des plans, d'une part les plans originaux sur calques, généralement de grand format, conservés sur le site dans des meubles à plans, et d'autre part des copies sur papier réalisées pour l'entretien ou la fabrication ou pour les dossiers de commande de matériel. En 2016, les entrées sont pour la plupart des documents audiovisuels (photographies, cartes postales, diapositives, DVD).

Véronique David - 2017

Évaluation, tris et éliminations, sort final

Des copies de plans en multiples exemplaires ont été éliminées en 2017.

Mode de classement

Les archives entrées en 2003 (cotes 93 J 1 à 651) ont été classées par fonds d'entreprise.

Les compléments de 2012-2016 (cotes 93 J 652 à 1091) ont été intégrés dans le plan de classement de 2003. Pour les plans sur calques, la séparation par fonds entre les sociétés E.L..F et U.S.L. (date charnière : 1964) n'a pas été poursuivie : en effet, tous ces plans étaient réunis à leur lettre dans leurs meubles, quelle que soit leur date d'élaboration, et sont tous susceptibles d'avoir servi à U.S.L. : c'est pourquoi ils sont regroupés dans le fonds de cette entreprise. En ce qui concerne les copies, qui se présentaient également groupées par lettres, dans des boîtes d'archives, le même principe d'unité d'utilisation a été suivi. Par contre, la séparation par entreprise a pu être respectée pour les boîtes concernant les approvisionnements, quand les dates s'y prêtaient. A noter que le classement des documents iconographiques de 2004 a été remanié à la suite de l'exposition Kertesz aux Archives départementales en 2015 : les tirages photographiques ont été répartis autant que possible entre les deux fonds E.L.F. et U.S.L.

Véronique David - 2017

Documents en relation

Les sources présentées ici n'ont aucun caractère exhaustif. Elles constituent quelques exemples de dossiers conservés aux Archives départementales de la Nièvre dont l'analyse est explicite dans les instruments de recherche. Le chercheur est donc invité à consulter l'ensemble des séries pour compléter son approche historique des usines Lambiotte et de leur environnement géographique et humain. Citons en particulier la série M pour les conflits du travail et la surveillance de l'esprit public, la série U pour les affaires contentieuses concernant l'usine, ses salariés mais aussi ses fournisseurs et clients, ainsi que les versements de la série W.

Fonds de la préfecture :

M 6208 Grèves des ouvriers de l'usine Lambiotte : rapports, correspondance (1887).

M 4276 Rapport confidentiel sur les activités de l'usine Lambiotte et de l'atelier Atlas (1935).

Fonds de la justice de paix de Prémery :

4 U 27/115 Actes de sociétés : sociétés Lambiotte (1894-1952).

Fonds du cabinet du préfet :

159 W 55 Dossiers d'entreprises.- Lambiotte, activités syndicales, fermetures temporaires : notes, rapports, correspondance (1949-1963).

1014 W 110 Dossiers d'entreprises.- Bosni, grèves et conditions de cantonnement des ouvriers turcs : rapports, notes, photographies et correspondance (1970-1975). Usines Lambiotte, problèmes liés à l'approvisionnement en bois, grèves et incendies : rapports, notes, coupures de presse, correspondance (1954-1973).

Fonds de l'Inspection du Travail :

1197 W 79 Licenciements collectifs : Lambiotte (1978-1985).

1197 W 374 Dossiers d'entreprises existantes en 1988 : Lambiotte (1946-1986).

Fonds du comité d'expansion économique de la Nièvre :

1444 W 73 Dossiers d'entreprises.- Prémery : Bosni (1982-1988).

Fonds du cabinet du président du Conseil général :

1487 W 70 Dossiers d'entreprises.- Prémery : Lambiotte, industrie chimique (1990-1993).

Sébastien Langlois - 2004

Versements postérieurs

Fonds de l'Inspection du Travail :

1419 W 16 Lambiotte et autres entreprises (1976-1988).

1671W 79 (1999-2000), 82 (1998), 83 (1982-2003), 84 (1983-2003), 144 (1997-2002), 159 (1975-1998), 227 (1984-1994), 233 (1996), 234 (1994), 236 (1995-1996), 237 (1998-1999) 238 (2002-2004).

Véronique David - 2017

Bibliographie

Bibliographie (2004)

Si l'histoire de l'industrie nivernaise a été bien explorée par les chercheurs (en particulier les sites de Decize-La Machine, Imphy, Nevers, Fourchambault et Guérigny), le site des usines de Prémery demeure à ce jour peu connu, tout comme l'histoire de l'industrie française de carbonisation et de distillation du bois. Aucune étude n'a été entreprise sur l'aventure conduite par les Lambiotte à Prémery1. A l'exception de quelques articles de presse parus à l'occasion du centenaire du site en 1986 ou lors de la liquidation judiciaire d'USL en 2002, il existe bien peu de documents imprimés à la disposition des chercheurs. Signalons tout de même les articles des ingénieurs André Cuperly et Rudolf Taussig parus dans la revue interne de l'usine Lambiotte-Contact (93 J 210 et 211), ainsi que les références suivantes :

MASSE (Alfred).- Monographies nivernaises : canton de Pougues. Nevers : Ropiteau, 1912. Cette étude contient quelques informations sur le site de Demeurs.

JOINET (Maurice).- Les Grandes heures du mouvement ouvrier dans la Nièvre : tome 2 : images et souvenirs des années 1947-1977. Nevers : Association culturelle ouvrière nivernaise, 2004.

BOLLERY (Alain).- «A la vie, à la mort, au charbon (usine Lambiotte à Prémery) » in Bourgogne magazine, n° 49, 2003, pp.42-45.

Sébastien Langlois - 2004

1 Le site de la Société des produits chimiques de Clamecy a été plus favorisé de ce point de vue.

 

Complément (2017)

Le site de Prémery a fait depuis l'objet d'une étude et un site Internet lui est consacré.

JURQUET (Sylviane). - Lambiotte Prémery 1886-2002. Nevers : Camosine, 2016.

MAJKOWSKI (Julien). - Histoire de l'usine Lambiotte de Marbehan : de 1900 à 2000. Arlon : Demdel, 2017.

Kertesz/Lambiotte : une énigme photographique. - Nevers : Conseil départemental de la Nièvre, 2015.

Site Internet "Lambiotte, mémoires d'usines"  http://memoire-lambiotte.fr/

Véronique David - 2017

 

Mots clés lieux

Mots clés matières

Carbonisation, fours séchoirs et pyroligneux : plans B 176 à 178, B 180 à 189, B 191 à 194, B 196 à 204, B 206 à 217, B 220 à 222, B 226, B 228 à 246 (1925-1979) ; cracking du goudron : plans B 1327 à 1332 (1963).

Cote/Cotes extrêmes

93 J 980

Date

1925-1979

Description physique

Plans sur calques.